[Peu après le départ de Nagisa] Besoin de guidance

Tsukiyo n'en menait pas large. Konoha avait du essuyer de nombreuses pertes durant la guerre, mais Tsukiyo n'avait jamais été directement touchée. C'était maintenant qu'elle comprenait la douleur de se faire abandonner.

La ninja passait ses journées à s’entraîner. Elle perfectionnait ses attaques, allant même jusqu'à pratiquer certains jutsus lui venant de son père. Tout pour s'épuiser et oublier.

Pas qu'elle n'y arrivait.

Elle s’entraînait, et elle guettait. Elle guettait les portes chaque fois qu'elle le pouvait, des nuits entières parfois. En vain. Lorsqu'elle se trouvait en présence d'autres personnes, elle ne répondait que par monosyllabes. Même Kana et Neji n'arrivaient à rien. Shikamaru avait lui aussi essayé de la sortir de son état, sans succès. Il était d'ailleurs celui qui était le plus affecté par le départ de la ninja. À la demande de Neji, Hinata avait fait passer à Tsukiyo quelques jours qu'elles avaient toutes deux libres ensemble, afin de voir si la timide Hyuga pouvait lui rendre son sourire, ce qu'elle faisait très bien à l'ordinaire.

Le seul qui ne se faisait pas rebuter était Shino, qui pouvait passer des heures avec elle, lorsqu'elle sans un mot. Elle ne disait rien, mais sa présence patiente et silencieuse lui faisait du bien.

Mais ce n'était pas assez. Kana avait tout essayé. Même lorsqu'elle se trouvait avec Natsuo et Sunao, elle ne répondait pas plus que le minimum. La situation ne pouvait durer. Hideaki avait lui aussi, de son côté, essayé de la raisonner sans succès. Sa fille normalement inexpressive s'était encore plus refoulée sur elle-même, et lui-même en était inquiet. Il avait discuter de la situation avec l'ancien maître de sa fille, qui lui avait vaguement dit qu'il essayerait.

La situation était grave. C'était comme si elle se refusait désormais à la moindre émotion.

Tsukiyo tourna légèrement la tête vers son maître, mais continua à lancer ses kunais sans un mot. Tsuni, qui ne lâchait jamais sa maîtresse, vint se percher sur l'épaule de Sunao, un gazouillement triste au bout du bec.

La jeune femme ne semblait pas décidée à parler. Son regard était de pierre, mais si Sunao s'approchait assez, il verrait dans ceux-ci plus d'émotions mélangées qu'il n'en avait jamais vu.

Tsukiyo regarda son ancien maître sans broncher pendant un moment. Elle n'avait pas réagit lorsqu'elle s'était fait giflée, et s'était laissée faire. Puis, un pan de son masque se brisa. Quelques secondes plus tard, le second se fracassa aussi.

- Elle... elle est...

Les larmes lui vinrent aux yeux et elle pleura. Elle pleura comme elle n'avait jamais pleurer auparavant. Pas de simples larmes silencieuses, mais un torrent qui coulait le long de ses joues blanches. Ses genoux lâchèrent sous son poids et elle tomba au sol.


- Su...nao... Nao-sensei...


Tsukiyo avait mal. Elle avait mal, et elle ne comprenait pas.

La jeune ninja continua de pleurer. Elle serra un pan du chandail de Sunao dans une de ses mains, l'autre serrée en poing. Ses ongles lui perçaient la peau des mains, mais elle ne s'en rendait pas compte.


- P...pourquoi est ce que... est-ce qu'elle... elle m'a... elle nous a... elle...

Tsukiyo arrêta progressivement de pleurer, mais ne bougea pas. Elle n'avait plus d'énergie, plus de volonté propre. Ses yeux semblaient s'éteindre, alors qu'elle n'aurait pas pu dormir pour un long moment encore.


- Pour... sa mère...?


Il s'agissait d'un concept étranger dans l'esprit de Tsukiyo. Elle n'avait jamais ressenti d'attachement particulier à sa famille, même à sa mère, avec qui elle était en relativement bons termes. Mais elle ignorait aussi ce que c'était de perdre quelqu'un qui lui était cher d'une façon aussi brutale, bien qu'elle venait de vivre ce qui y ressemblait le plus dans son esprit.

Tsukiyo passa un moment à réfléchir à cette situation hypothétique. La perspective de perdre ses amis lui faisait mal, un mal qu'elle ne comprenait pas tout à fait. Cependant, elle n'arrivait pas à comprendre le geste de Nagisa.

Peut-être parce que ça aussi, ça lui faisait mal.


- Je... je ne sais pas.

Tsukiyo releva la tête légèrement, mais garda les yeux bas.


- Jus...tice... C'est pour ça qu'elle est partie?


Elle rebaissa la tête.


- On dit... on dit qu'elle aurait tra...trahis le village. Je n'ai jamais eu besoin de ses yeux pour voir en elle. Je sais qu'elle... je sais... elle n'a... elle ne ferait jamais... ça... Je le sais...


Une nouvelle larme silencieuse coulait sur sa joue.

Tsukiyo se laissa faire, lasse.


- Je ne le crois pas... je le sais.


Un soupire traversa ses lèvres, un sanglot douloureusement refoulé.


- C'est juste que... c'est juste que... ça fait mal.. j'ai mal... depuis qu'elle... qu'elle...

Tsukiyo se contenta d'hocher la tête silencieusement.

Elle n'avait pas l'habitude de s'ouvrir aux gens. Sunao était sans doute le premier à la voir pleurer depuis des années. Elle n'avait pas l'habitude, ne savait pas comment faire. Mais elle ne savait pas comment l'expliquer non plus. Elle ignorait comment demander de l'aide.

Elle resta donc silencieuse.

Tsukiyo se releva avec l'aide de son ancien maître, le coeur lourd. Elle hocha la tête.


- D'accord.


Elle avait parlé d'une voix faible, presque inaudible.